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La République démocratique du Congo n’a jamais connu la paix

 

Depuis les années 90, la République démocratique du Congo (RDC), aussi appelée Congo, vit le cauchemar. En bref, depuis l’indépendance en juin 1960, la corruption ne fait qu’ankyloser la richesse du pays. Afin de comprendre plus exactement la situation, il est important de prendre conscience des frontières tracées au hasard par les Européens. Dans l’Est du Congo et dans les pays de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi vivent plusieurs populations ethniques dont les Nande, les Nyanga, les Hunde, les Tembo et le Banyarwanda, ces derniers regroupant les Hutu et les Tutsi qui vous sont probablement familiers.

 

La guerre Kanyarwanda 

Profitant de l’instabilité politique suivant l’indépendance politique, les différents peuples ethniques de l’Est se sont fait la guerre pour la première fois. Ce conflit opposant les Banyarwanda et les autres ethnies s’est déclenché en 1963 lorsque Denis Paluku, un Nande, a déclaré l’autonomie du Nord-Kivu, une des provinces du Congo. Il est important de noter ici que les Banyarwanda ne sont pas considérés comme Congolais. Ils sont plutôt considérés comme des étrangers venant du Rwanda alors que toutes les autres ethnies sont reconnues comme originaires du Congo. Dans les années précédant l’indépendance congolaise, on estime qu’au moins 120 000 Rwandais émigrent dans le Kivu. Ils ont par la suite été reconnus comme citoyens grâce à la constitution du Congo. Ces faits ne justifient pas, mais expliquent plutôt la frustration des peuples autochtones du Kivu qui ne se sont pas seulement fait voler leurs terres par les Belges, mais également par les Rwandais. Ainsi, ce conflit est une révolte des peuples autochtones congolais qui souhaitent reprendre leur territoire. Ce conflit est sanglant et exclut toute négociation. Il prend fin en 1966 à la suite de la prise du pouvoir par le président Mobutu qui réunifie alors les provinces de l’Est.

 

Le massacre de 1993 

Mobutu et le président rwandais, Juvénal Habyarimana, reconnus comme de grands amis en affaires ont pris les choses en main et c’est dans ce contexte que certaines terres congolaises auraient été vendues dans la région de Ntoto. Une grande population hutu rwandaise s’y est installée alors que la région était toujours peuplée des autochtones Nyanga. C’est lors d’un dimanche, alors que les Hutu étaient majoritairement à l’église, qu’un groupe de miliciens hunde et nyanga les ont attaqués avec l’intention de tuer. Le nombre de morts est inconnu, mais certains croient qu’il atteindrait près de 14 000. Les survivants sont alors retournés au Rwanda par peur et c’est ainsi que débuteront des violences plus importantes encore entre les peuples ethniques.

 

Le génocide rwandais de 1994

Le contexte est très important dans cette situation: je serai donc aussi claire et concise que possible.

Au début de la colonisation du centre de l’Afrique, les Européens ont rapidement compris qu’ils n’auraient pas la tâche facile face aux peuples africains. Malgré les différences ethniques, les Africains ont eux aussi compris l’importance de leurs alliances. Ainsi, lorsqu’ils sont arrivés dans les environs du pays du Rwanda, les Européens ont rencontré deux peuples, les Hutu et les Tutsi, les Hutu formant un peuple imposant par leur population alors que les Tutsi étaient beaucoup moins. Les Tutsi se sont alors octroyé un rôle équivalant à celui de l’homme blanc. Les Tutsi étaient de riches hommes d’affaires et vivaient dans de grandes maisons, à l’écart des Hutu. Bien sûr, la situation était très contrariante pour les Hutu, qui ont fini par se révolter. Résultat ? Génocide.

 

La première guerre du Congo 

Alors appelé Zaïre, le pays vit une première guerre qui est réellement une révolte. Lors des années 90, une vague de démocratisation a frappé toute l’Afrique. Le président français fait son discours de la Baule qui incite au multipartisme, le président soviétique met en place la perestroïka qui engage la transparence gouvernementale et l’Allemagne redevient un seul pays. Ainsi, toutes ces grandes puissances mondiales mettent indirectement une pression immense sur le président Mobutu. Ce dernier abolit donc le régime du parti unique en 1991, mais ce n’est pas assez. Lors de la première guerre du Congo, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) fait face au président zaïrois avec le support de plusieurs pays voisins: l’Ouganda, le Rwanda (excluant l’Armée pour la libération du Rwanda qui, elle, est contre le mouvement), le Burundi et l’Angola (excluant l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola qui est, elle aussi, contre le mouvement). Des infiltrations commencent dès 1996 et des mouvements plus importants s’observent cette année-là. En effet, le 29 octobre 1996, l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila prend le contrôle de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu. À partir de ce moment, la rébellion se poursuit sans s’arrêter. Mbujimayi et Lubumbashi sont prises en avril 97. Ces deux villes sont très importantes, car elles hébergent d’importantes compagnies minières. L’AFDL atteint Kinshasa, province nationale située à l’ouest du pays, le 17 mai 1997. Kabila prend officiellement le pouvoir du Zaïre et le rebaptise alors République démocratique du Congo. Mobutu fuit au Maroc et meurt la même année d’un cancer.

 

La deuxième guerre du Congo

Malheureusement, Kabila n’était pas un homme moins corrompu que Mobutu. Dès qu’il détiendra le pouvoir, il se défera de ses idées démocratiques et se retournera contre les mercenaires l’ayant aidé. Ainsi, ces derniers se révoltent, encore. Plusieurs essais et livres sont disponibles en ligne et dans certaines bibliothèques afin d’approfondir le sujet. Je considère impertinent de relater des événements sanglants et inhumains pour la énième fois.

 

L’américanisation et la colonisation 

On peut essayer de trouver plusieurs causes aux horreurs qui se déroulent au Congo depuis… toujours. En effet, les conflits mentionnés précédemment ont eu lieu de 1963 à environ 2002. Le Congo ayant acquis son indépendance en 1960, ce n’est pas beaucoup de temps de répit. Plusieurs pensent que les fortes influences américaine et européenne seraient à l’origine de plusieurs problèmes de la République. Mobutu était grandement reconnu pour son affiliation avec les chefs d’État américains ainsi que français.

 

Aujourd’hui, le capitalisme comme il ne l’a jamais été 

De nos jours, environ depuis 25 ans, le capitalisme contrôle la vie de plusieurs milliers de Congolais à un niveau très important. En effet, les terres du centre et de l’est du Congo sont reconnues comme étant très riches en minéraux. La plupart des habitants des régions du Katanga et du Kivu, hommes, femmes et enfants inclus, sont donc employés par les grandes corporations propriétaires des sols miniers. La RDC est un important producteur de cuivre, d’argent, d’uranium, de plomb, de zinc, de cadmium, de diamant, d’or, d’étain, de tantale, de tungstène, de manganèse, de cobalt et plus notablement, du coltan. La région du Kivu détient entre 60 et 80% des réserves mondiales de coltan. La partie importante à comprendre est que le coltan est essentiel pour un élément aujourd’hui très important dans la vie de tout le monde : les appareils électroniques. Ainsi, le coltan, ou l’égoïsme humain, c’est comme vous le voulez, est à l’origine de la guerre du Kivu et d’une série de conflits armés se déroulant depuis 2004. Depuis cette année, au moins 11 873 civils, soldats et rebelles sont morts dans l’Est congolais. En 2012, naît le mouvement du 23 mars (M23), une milice formée d’anciens soldats congolais. Ces derniers mènent plusieurs attaques armées sur des civils. Ces victimes, incluant femmes et enfants, subissent des violences sexuelles au quotidien. Durant les trois dernières années, le M23 a attaqué l’ambassadeur italien présent au Congo ainsi qu’un convoi de véhicules présent dans la province du Kivu pour la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo.

Aujourd’hui, ce sont des compagnies américaines et chinoises qui possèdent les terres minières congolaises. Le peuple ne bénéficie pas des ressources qui leur appartiennent.

 

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Depuis les années 90, la République démocratique du Congo (RDC), aussi appelée Congo, vit le cauchemar. En bref, depuis l’indépendance en juin 1960, la corruption ne fait qu’ankyloser la richesse du pays. Afin de comprendre plus exactement la situation, il est important de prendre conscience des frontières tracées au hasard par les Européens. Dans l’Est du Congo et dans les pays de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi vivent plusieurs populations ethniques dont les Nande, les Nyanga, les Hunde, les Tembo et le Banyarwanda, ces derniers regroupant les Hutu et les Tutsi qui vous sont probablement familiers.

 

La guerre Kanyarwanda 

Profitant de l’instabilité politique suivant l’indépendance politique, les différents peuples ethniques de l’Est se sont fait la guerre pour la première fois. Ce conflit opposant les Banyarwanda et les autres ethnies s’est déclenché en 1963 lorsque Denis Paluku, un Nande, a déclaré l’autonomie du Nord-Kivu, une des provinces du Congo. Il est important de noter ici que les Banyarwanda ne sont pas considérés comme Congolais. Ils sont plutôt considérés comme des étrangers venant du Rwanda alors que toutes les autres ethnies sont reconnues comme originaires du Congo. Dans les années précédant l’indépendance congolaise, on estime qu’au moins 120 000 Rwandais émigrent dans le Kivu. Ils ont par la suite été reconnus comme citoyens grâce à la constitution du Congo. Ces faits ne justifient pas, mais expliquent plutôt la frustration des peuples autochtones du Kivu qui ne se sont pas seulement fait voler leurs terres par les Belges, mais également par les Rwandais. Ainsi, ce conflit est une révolte des peuples autochtones congolais qui souhaitent reprendre leur territoire. Ce conflit est sanglant et exclut toute négociation. Il prend fin en 1966 à la suite de la prise du pouvoir par le président Mobutu qui réunifie alors les provinces de l’Est.

 

Le massacre de 1993 

Mobutu et le président rwandais, Juvénal Habyarimana, reconnus comme de grands amis en affaires ont pris les choses en main et c’est dans ce contexte que certaines terres congolaises auraient été vendues dans la région de Ntoto. Une grande population hutu rwandaise s’y est installée alors que la région était toujours peuplée des autochtones Nyanga. C’est lors d’un dimanche, alors que les Hutu étaient majoritairement à l’église, qu’un groupe de miliciens hunde et nyanga les ont attaqués avec l’intention de tuer. Le nombre de morts est inconnu, mais certains croient qu’il atteindrait près de 14 000. Les survivants sont alors retournés au Rwanda par peur et c’est ainsi que débuteront des violences plus importantes encore entre les peuples ethniques.

 

Le génocide rwandais de 1994

Le contexte est très important dans cette situation: je serai donc aussi claire et concise que possible.

Au début de la colonisation du centre de l’Afrique, les Européens ont rapidement compris qu’ils n’auraient pas la tâche facile face aux peuples africains. Malgré les différences ethniques, les Africains ont eux aussi compris l’importance de leurs alliances. Ainsi, lorsqu’ils sont arrivés dans les environs du pays du Rwanda, les Européens ont rencontré deux peuples, les Hutu et les Tutsi, les Hutu formant un peuple imposant par leur population alors que les Tutsi étaient beaucoup moins. Les Tutsi se sont alors octroyé un rôle équivalant à celui de l’homme blanc. Les Tutsi étaient de riches hommes d’affaires et vivaient dans de grandes maisons, à l’écart des Hutu. Bien sûr, la situation était très contrariante pour les Hutu, qui ont fini par se révolter. Résultat ? Génocide.

 

La première guerre du Congo 

Alors appelé Zaïre, le pays vit une première guerre qui est réellement une révolte. Lors des années 90, une vague de démocratisation a frappé toute l’Afrique. Le président français fait son discours de la Baule qui incite au multipartisme, le président soviétique met en place la perestroïka qui engage la transparence gouvernementale et l’Allemagne redevient un seul pays. Ainsi, toutes ces grandes puissances mondiales mettent indirectement une pression immense sur le président Mobutu. Ce dernier abolit donc le régime du parti unique en 1991, mais ce n’est pas assez. Lors de la première guerre du Congo, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) fait face au président zaïrois avec le support de plusieurs pays voisins: l’Ouganda, le Rwanda (excluant l’Armée pour la libération du Rwanda qui, elle, est contre le mouvement), le Burundi et l’Angola (excluant l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola qui est, elle aussi, contre le mouvement). Des infiltrations commencent dès 1996 et des mouvements plus importants s’observent cette année-là. En effet, le 29 octobre 1996, l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila prend le contrôle de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu. À partir de ce moment, la rébellion se poursuit sans s’arrêter. Mbujimayi et Lubumbashi sont prises en avril 97. Ces deux villes sont très importantes, car elles hébergent d’importantes compagnies minières. L’AFDL atteint Kinshasa, province nationale située à l’ouest du pays, le 17 mai 1997. Kabila prend officiellement le pouvoir du Zaïre et le rebaptise alors République démocratique du Congo. Mobutu fuit au Maroc et meurt la même année d’un cancer.

 

La deuxième guerre du Congo

Malheureusement, Kabila n’était pas un homme moins corrompu que Mobutu. Dès qu’il détiendra le pouvoir, il se défera de ses idées démocratiques et se retournera contre les mercenaires l’ayant aidé. Ainsi, ces derniers se révoltent, encore. Plusieurs essais et livres sont disponibles en ligne et dans certaines bibliothèques afin d’approfondir le sujet. Je considère impertinent de relater des événements sanglants et inhumains pour la énième fois.

 

L’américanisation et la colonisation 

On peut essayer de trouver plusieurs causes aux horreurs qui se déroulent au Congo depuis… toujours. En effet, les conflits mentionnés précédemment ont eu lieu de 1963 à environ 2002. Le Congo ayant acquis son indépendance en 1960, ce n’est pas beaucoup de temps de répit. Plusieurs pensent que les fortes influences américaine et européenne seraient à l’origine de plusieurs problèmes de la République. Mobutu était grandement reconnu pour son affiliation avec les chefs d’État américains ainsi que français.

 

Aujourd’hui, le capitalisme comme il ne l’a jamais été 

De nos jours, environ depuis 25 ans, le capitalisme contrôle la vie de plusieurs milliers de Congolais à un niveau très important. En effet, les terres du centre et de l’est du Congo sont reconnues comme étant très riches en minéraux. La plupart des habitants des régions du Katanga et du Kivu, hommes, femmes et enfants inclus, sont donc employés par les grandes corporations propriétaires des sols miniers. La RDC est un important producteur de cuivre, d’argent, d’uranium, de plomb, de zinc, de cadmium, de diamant, d’or, d’étain, de tantale, de tungstène, de manganèse, de cobalt et plus notablement, du coltan. La région du Kivu détient entre 60 et 80% des réserves mondiales de coltan. La partie importante à comprendre est que le coltan est essentiel pour un élément aujourd’hui très important dans la vie de tout le monde : les appareils électroniques. Ainsi, le coltan, ou l’égoïsme humain, c’est comme vous le voulez, est à l’origine de la guerre du Kivu et d’une série de conflits armés se déroulant depuis 2004. Depuis cette année, au moins 11 873 civils, soldats et rebelles sont morts dans l’Est congolais. En 2012, naît le mouvement du 23 mars (M23), une milice formée d’anciens soldats congolais. Ces derniers mènent plusieurs attaques armées sur des civils. Ces victimes, incluant femmes et enfants, subissent des violences sexuelles au quotidien. Durant les trois dernières années, le M23 a attaqué l’ambassadeur italien présent au Congo ainsi qu’un convoi de véhicules présent dans la province du Kivu pour la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo.

Aujourd’hui, ce sont des compagnies américaines et chinoises qui possèdent les terres minières congolaises. Le peuple ne bénéficie pas des ressources qui leur appartiennent.