Bonne écoute!
Kelly-Ann : Bonjour, je suis Kelly- Ann Alarie, une élève du groupe 13.
Aujourd’hui, nous faisons une capsule dans le but de promouvoir le mois du français et de la culture au collège.
Bonjour Mme Coutu!
Geneviève Coutu :Bonjour!
K-A : Depuis combien de temps occupez-vous votre poste au collège?
G-C : Ça fait 22 ans que je travaille ici. J’ai commencé ici, c’est le premier emploi que j’ai reçu, qu’on m’a offert. J’ai toujours enseigné le français, principalement au deuxième cycle. J’ai essayé un petit passage au premier cycle, mais ça me ressemblait moins.
K-A : Quelle est votre routine lors d’une journée typique au collège?
G-C : Une journée typique au collège… J’arrive juste le matin, proche proche de la cloche. J’ai des enfants, donc je retarde le plus possible mon départ pour essayer de l’arrimer avec le leur. Puis, une fois rendue ici, la journée file toujours plus vite que je le voudrais. À part les cours, les petits dossiers à régler, il y a toujours des demandes qui arrivent. En fait, c’est ça qui rend la journée intéressante, c’est qu’il y a toujours des imprévus.
K-A : En secondaire 4 et 5, il y a un grand nombre de lectures obligatoires. Vous les avez probablement toutes lues. Quels conseils donneriez-vous à un élève qui a de la difficulté à embarquer dans un de vos livres?
G-C : Je pense que le truc, en tout cas celui que j’ai trouvé, c’est vraiment de donner une place importante au protagoniste, à sa personnalité. C’est lui qui nous entraîne dans son univers, c’est son point de vue bien personnel à lui qu’il essaye de partager. Donc une façon de bien plonger dans son univers, qui n’est pas le nôtre, c’est de se laisser aller tout simplement puis d’essayer de prendre conscience de qui il est, de ce qu’il veut. Pour moi, c’est une façon d’expérimenter une réalité qui n’est pas la mienne. Je ne parle pas de science-fiction, ce n’est pas ça, ce n’est pas si loin de nous, mais ce que j’aime, c’est de voir d’autres points de vue, de me faire confronter à d’autres angles. Aujourd’hui, il y a des réseaux sociaux et ce phénomène fait qu’on est toujours dans le même type de point de vue, puis on se fait confirmer nos propres idées, ça nous garde dans notre zone de confort. Mais quand on embarque dans un roman où le personnage est complètement différent, que ses points de vue sont complètement différents des nôtres, on est obligé d’être confrontés à ça. Je trouve que c’est très formateur et je trouve que c’est une façon d’élargir notre esprit, donc c’est vraiment par le personnage que j’aborde le roman.
K-A : Avez-vous une anecdote ou un fait loufoque que vous voulez partager avec nous?
G-C : Oui, j’aurais quelque chose de raconter. Ça date de mes débuts, il reste plus beaucoup de témoin de cet épisode là, mais un jour on ma offert de venir, enfaite on m’a imposé un match d’improvisation puis c’est vraiment pas ma force donc tout le monde à été témoin de mes piètres qualité d’improvisatrice. C’était ma première année au collège là, ça faisait à peine quelques mois que j’étais là. J’étais gênée, j’arrivais pas à trouver des idées pendant le match, j’arrivais même pas à dire des répliques simple, j’étais complètement gelée là. Puis il y avait un numéro dans lequel il fallait faire un bébé, il fallait imiter un bébé, donc tout le monde c’est dit que c’était le rôle qui me revenait, j’aurais pas à parler et même ça ça a pas été un succès. Donc encore aujourd’hui, j’ai un collègue qui passe une fois de temps en temps derrière moi et qui imite des bruits de bébé pour se moquer et me remémorer cet épisode assez gênant de ma carrière.
K-A : Pouvez-vous nous partager un fait que vos collègues et vos élèves ignorent sur vous?
G-C : J’ai été longtemps gênée de le dire, mais j’ai commencé à lire très tard, c’est-à-dire en 4e secondaire. Ça me complexait beaucoup avant, mais aujourd’hui ça m’aide à comprendre un peu les élèves qui se cherchent dans la lecture. Donc, aujourd’hui je l’assume, j’en parle, parce que je me dis que les élèves qui ont l’impression d’avoir manqué le bateau et qu’il est trop tard pour commencer, ce n’est vraiment pas le cas. En plus, ici vous avez une bibliothécaire formidable: elle ne demande qu’à vous proposer des œuvres, trouver celles que vous aimeriez, alors que moi, au secondaire, j’étais dans une grosse polyvalente publique qui n’avait pas de budget pour les romans obligatoires, donc on n’avait peu ou pas de lectures imposées. Chez nous il y avait beaucoup de livres, mes parents valorisaient la lecture, mais c’était des gros livres d’histoire qui ne m’inspiraient pas. Je trouvais que ça avait l’air très volumineux, je ne me pensais pas capable de passer à travers. Puis, il y avait des romans, mais je trouvais qu’ils avaient l’air trop romantiques, un peu «quétaines».
Donc, c’est quand mon grand frère est rentré au cégep et qu’il est arrivé avec des romans qui avaient été choisis par des enseignants du cégep que j’ai été convaincue que c’était des romans de qualité dans lesquels je trouverais quelque chose de consistant.
Alors, c’est comme ça que j’ai commencé à lire et puis deux ans plus tard, je suis rentrée au cégep, puis moi-même j’ai pu avoir mes propres livres et à partir de là, j’ai rencontré aussi des gens qui aimaient la littérature, qui étaient capables de partager des suggestions. À partir de là, ça a été un départ et ça ne s’est jamais arrêté. Depuis, j’aime la lecture.
K-A : Pouvez-vous nous partager une de vos dernières découvertes littéraires?
G-C : Ma dernière découverte littéraire est arrivée de façon inattendue. Il s’agit de Elena Ferrante. J’ai entendu une suggestion à la radio, on parlait d’elle comme si c’était vraiment un phénomène, mais je n’avais jamais entendu son nom. Finalement, elle était en train de publier son troisième livre, donc je me suis dit que j’avais un rattrapage à faire. Puis, Mme Faral m’en a parlé aussi, elle connaissait. Mme Faral avait vu la série qui avait été adaptée du roman, donc ça a attisé ma curiosité. Je suis pas allée vers la série, mais je suis allée vraiment vers la trilogie des livres et puis, ça m’a pris du temps à embarquer. À un moment donné, j’ai compris qu’il fallait juste embarquer dans le rythme, suivre le rythme lent de la série. Les personnages sont particuliers, mais on les suit à un rythme quotidien et ils ont des personnalités vraiment hors du commun. Ce sont des extrêmes, mais je trouve qu’il y a quelque chose de vraiment intéressant dans ça, ne serait-ce que parce qu’on s’en va dans une Italie du milieu du 20e siècle, un milieu que je ne connais pas, donc ce sont des enjeux qui sont loin de moi et puis j’ai trouvé ça vraiment intéressant d’embarquer là-dedans. Je me suis imposée cette lecture là, et puis finalement, j’ai trouvé ça vraiment intéressant parce que j’aurais voulu à plusieurs reprises réagir différemment des personnages, mais le côté où est-ce qu’on doit demeurer impuissants, qu’on n’a aucun pouvoir sur ce que les personnages vont faire, ça m’a étrangement intéressée, ça m’a accrochée.
K-A : Quel a été votre voyage préféré et quels souvenirs en gardez-vous?
G-C : Assez difficile de choisir, mais il y a un voyage qui a été particulièrement marquant, c’est un voyage au Vietnam. Je suis partie toute seule, ce qui était déjà un beau défi, puis en plus, là-bas, je me suis rendu compte qu’il y avait une réelle barrière de la langue, on avait de la difficulté à communiquer. J’ai dû pousser mes limites un peu plus loin que ce à quoi je m’attendais. Par contre, pendant le voyage, je suis tombée sur des gens qui habitaient à Montréal, mais qui venaient du Vietnam. On les appelle des «boat people», ce sont des gens qui ont fui la guerre dans les années 70 et ces gens-là retournaient pour la première fois dans leur pays d’origine. Ils m’ont invitée à les accompagner, parce que ça leur disait qu’une jeune fille seule serait plus en sécurité. Donc, ils m’ont amenée et m’ont fait découvrir plein de lieux, parce qu’au Vietnam, on peut pas se promener comme on veut. Il y a des routes touristiques, mais rentrer dans des villages ça devient plus compliqué, mais eux ils m’ont emmené dans leur maison d’enfance, ils m’ont expliqué comment ça s’était passé, quelle enfance ils avaient vécue, donc ils m’expliquaient en même temps qu’on se promenait dans le pays ce qu’ils avaient vécu dans ces différentes régions-là à l’époque où ils y habitaient encore. Ça a été un voyage, très surprenant, mais vraiment très enrichissant. J’ai vraiment apprécié ces personnes-là à cette époque.
K-A : Enfin, avez-vous un rêve, un souhait ou un défi personnel que vous aimeriez réaliser?
G-C : Il y a un rêve qui me trotte dans la tête depuis quelques années, mais je suis pas certaine si je vais le réaliser un jour, mais ce serait de marier mon amour du français avec la sensibilité que j’ai par rapport au sort des gens qui sont nés dans des situations qui sont plus difficiles.
Je suis consciente que j’ai gagné à la loterie de l’occidentale, donc j’habite dans un confort, je vis de façon aisée, mais je sais aussi qu’il y a des gens qui l’ont difficile, puis il y a des gens qui essaient de venir ici, puis j’essaie de me mettre dans leur peau des fois pis me dire à quel point ça doit être difficile d’arriver dans un nouveau milieu sans savoir ce qu’il y a à faire, comment s’y prendre et ce serait une chose que j’aimerais faire non seulement d’accueillir les immigrants, mais de leur enseigner le français, de les accompagner dans toutes les procédures, de les rassurer, de leur donner des informations sur toutes les questions qu’on doit se poser quand on arrive dans un nouveau pays. J’aimerais ça être là pour eux, puis être une présence pour les rassurer, parce que j’ai la chance que j’ai donc j’aimerais ça en faire bénéficier les autres.
K-A : C’est ce qui met fin à la capsule enseignante avec Mme Coutu dans le cadre de la capsule du journal «à la découverte du personnel». N’oubliez pas de lire plusieurs livres et de célébrer le mois du français et de la culture.
Remerciements de la fin : Merci à Mme Geneviève Coutu, invitée spéciale de cette capsule du mois du français et de la culture. Merci également à Kelly-Ann Alarie, animatrice, à Mathilde Poulin et à Anaïs Hanout pour leur travail derrière la caméra et à Emma Daigle Ramirez pour le montage.
Une capsule réalisée par l’équipe du journal Le Royal.